CARLOS AMORIM LEMOS

peinture

construire l’empreinte rampante, le trait exquis
recommencer l’exercice des mots à la recherche des merveilles
trouver la bière fraîche au fond du frigo
semer des pavés de joie entre les bras d’autrui
trouver les cercles du rêve

oser aimer la rayonnante femme en feu
oser jouer aux envies croisées

aller doucement du dire pelotonné des figures à la couleur
bien étalée

sans oublier les couches de vie où l’horreur s’introduit
aller au devant de la mort sans s’encanailler

fuir les vents de la corruption des vendeurs
commis voyageurs de la mollesse

rester chez soi protégé par la boule du silence

ne pas avoir peur de la maladie ni de la joie
vivre de fait en fait, d’envie en envie, de doute en doute,
de collage en collage, d’effet en effet

recommencer l’apprentissage des mots-fleuves
trouver une autre forme de dire l’amour
s’habiller le soir d’écumes en fuite

construire le journal intime des grâces
oser faire le premier pas, écrire la première page
oser rester là, chez moi, protégé du brouillard gris

aller à la boulangerie le matin
sans oublier de rentrer le soir

fuir le jour où on ne pourra plus être debout
rester chez soi otage de ses choix

être insoumis sans patrie d’abris

ne pas avoir peur du facteur ni du diable
tondre le pucelage accueillant des dactyleuses

vivre de touche en touche, de dessins en dessins,
de gomme en gomme, de rêve en rêve, de lettre en lettre,
d’appart en appart

montrer sans besoin de démontrer

vivre en sachant qu’on le fait pour mourir

exposer non pas pour prouver

mais pour fleurir les murs

Saldanha da Gama
novembre 1994

 

Expo

 

 

 

Contact